Taez, fatiguée de la guerre, étouffée par le siège malgré la trêve

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Taez (Yémen) (AFP) – Des camions surchargés et des voitures remplies de familles sillonnent les routes de montagne étroites et cahoteuses qui entourent cette ville yéménite longtemps assiégée par les rebelles houthis, preuve que les conditions d’une trêve n’ont pas encore été respectées.

Annoncée il y a un peu plus d’un mois, la trêve appelait les parties belligérantes à rouvrir les routes principales vers Taez, une ville d’environ 600 000 habitants dans le sud-ouest du Yémen qui a été largement coupée du monde depuis 2015.

Jusqu’à présent, cependant, ces routes restent fermées, ce qui signifie que les camionneurs et les civils ordinaires n’ont d’autre choix que de rechercher des itinéraires alternatifs dangereux sujets aux accidents et aux embouteillages apparemment sans fin.

En temps normal, une de ces routes, connue sous le nom de « Al-Aqroudh », devrait permettre aux conducteurs de rejoindre le village d’Al-Hawban à l’est de Taez en seulement 15 minutes.

Mais maintenant, le voyage peut prendre jusqu’à huit heures.

« Les gens sont fatigués, surtout les enfants et les femmes. Nous attendons dans les embouteillages pendant trois ou quatre heures à cause de l’étroitesse de la route », a déclaré à l’AFP le chauffeur du camion Abdo al-Jaachani.

Aujourd’hui, il n’emprunte la route qu’une ou deux fois par semaine pour éviter un trajet difficile, aggravé par l’usure des véhicules et la hausse du prix du carburant.

La guerre au Yémen oppose les Houthis alignés sur l’Iran à la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite qui soutient le gouvernement internationalement reconnu du pays.

Les Huthis ont pris le contrôle de la capitale Sanaa en 2014, incitant la coalition à intervenir l’année suivante et donnant lieu à ce que les Nations Unies ont qualifié de pire crise humanitaire au monde.

Des centaines de milliers de personnes ont été tuées et le pays a été poussé au bord de la famine.

Malgré le soutien de la coalition, les forces loyales au gouvernement n’ont pas réussi à empêcher les Huthis de prendre le contrôle de la majeure partie du nord du Yémen et de surveiller d’autres zones stratégiques.

Des véhicules circulent le long d'une route fortement endommagée hors de la ville de Taez, longtemps assiégée au Yémen
Des véhicules circulent le long d’une route fortement endommagée hors de la ville de Taez, longtemps assiégée au Yémen AHMAD AL-BASHA AFP/Dossier

Situation « indescriptible »

La trêve renouvelable de deux mois a commencé début avril, coïncidant avec le début du mois sacré musulman du Ramadan.

Il a fourni à une grande partie du pays le plus pauvre du monde arabe un rare répit face à la violence.

Moins d’une semaine après son entrée en vigueur, le président yéménite de l’époque, Abedrabbo Mansour Hadi, a annoncé qu’il remettait le pouvoir à un nouveau conseil de direction composé de huit hommes, alimentant un optimisme prudent quant à un cessez-le-feu à long terme.

La trêve a également vu des pétroliers arriver au port de Hodeida, atténuant potentiellement les pénuries de carburant à Sanaa et ailleurs.

Mais un accord pour reprendre les vols commerciaux au départ de l’aéroport de Sanaa pour la première fois en six ans n’a pas encore été concrétisé, avec un vol inaugural prévu fin avril reporté indéfiniment. Chaque camp blâme l’autre pour le hold-up.

Et Taez reste assiégé, au grand dam des organisations de la société civile.

Chaque jour, « des victimes civiles tombent sur des routes de montagne accidentées », ont déclaré plus d’une douzaine de groupes dans un communiqué commun en avril.

« Les scènes horribles de véhicules et de camions qui s’effondrent avec des personnes et des marchandises … sont indescriptibles. »

Dans un post Twitter mercredi, l’ambassade de France au Yémen s’est dite « profondément préoccupée par le siège de Taez qui dure depuis plusieurs années et qui place ses nombreux habitants dans la détresse humanitaire ».

Un bulldozer opère dans les montagnes près de Taez, la troisième ville du Yémen
Un bulldozer opère dans les montagnes près de Taez, la troisième ville du Yémen AHMAD AL-BASHA AFP/Dossier

Des habitants comme Abdallah Rajeh ne sont pas disposés à sortir pour voir des proches car de tels voyages sont « très douloureux à cause de la route cahoteuse et des embouteillages ».

Comme beaucoup de ses voisins, il garde l’espoir que la trêve finira par débloquer les routes principales entrant et sortant de Taez.

« Si les points de passage ne sont pas rouverts, les gens en paieront le prix », a-t-il déclaré à l’AFP.

« Tous ces problèmes et difficultés n’affectent que les gens ordinaires. »

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