Ordination bouddhiste en Thaïlande : le voyage vers la vie monastique


On pense que l’ordination temporaire, ou ordination des novices, apporte du mérite non seulement à l’homme lui-même mais aussi à sa famille. Cette pratique est considérée comme une source de grand mérite et est souvent considérée comme un moyen pour les individus d’acquérir un crédit spirituel et karmique qui peut profiter non seulement à eux-mêmes mais aussi à leurs parents et ancêtres.

Cette croyance dans le mérite associé à l’ordination et l’impact positif qu’elle a sur la famille fait partie intégrante de la signification culturelle et religieuse de cette pratique en Thaïlande. Cela renforce le lien étroit entre le bouddhisme, la famille et la communauté plus large de la société thaïlandaise.

Les familles sont généralement très fières de soutenir la décision de leurs fils de devenir novices ou moines temporaires avant le mariage, car cela est considéré comme un acte de dévotion aux enseignements bouddhistes et reflète positivement la famille, suscitant la fierté de la communauté locale.

La coupe symbolique des cheveux

Le processus d’ordination s’étend sur deux jours. Le premier jour, le futur moine se réunit avec sa famille pour rendre hommage à ses ancêtres. En signe de respect, le garçon/homme lave les pieds de ses aînés.

Suite à cela, les cheveux du jeune homme sont préparés pour le rasage. Les amis et la famille présents coupent chacun à tour de rôle une partie de ses cheveux. La dernière étape est effectuée par le moine senior, qui rase la tête du jeune aspirant.

La coupe de cheveux dans le cadre de la cérémonie d’ordination en Thaïlande est une partie solennelle et importante du processus d’ordination, souvent accompagnée de chants, de bénédictions et de l’enfilage de robes monastiques.

Il marque le début formel du voyage spirituel d’un moine ou d’un novice, alors qu’il se prépare à respecter les préceptes monastiques, à vivre une vie de méditation et d’étude et à servir sa communauté conformément aux enseignements du Bouddha.

Le fait de se raser la tête constitue un rappel visible et constant de leur engagement envers la voie bouddhiste et de leur quête de l’illumination.

Tout au long du processus, chaque mèche de cheveux est soigneusement collectée sur une feuille de lotus. Les cheveux rassemblés sont ensuite conservés au domicile d’un proche pendant trois jours avant d’être relâchés dans une rivière voisine.

Une fois la tête proprement rasée, le moine senior procède à l’épilation des sourcils. Par la suite, des herbes broyées sont délicatement appliquées sur le corps du jeune homme, symbolisant la pureté et la propreté. Cet acte de couper les cheveux est entièrement symbolique, rappelant l’époque de Bouddha où les cheveux longs signifiaient la royauté. Après avoir atteint l’illumination, le Bouddha lui-même s’est coupé les cheveux comme symbole de renonciation aux possessions du monde.

Voici un aperçu plus approfondi du symbolisme et du processus de coupe de cheveux pendant l’ordination :

1. Renonciation à la vanité et à l’attachement

Le fait de se couper les cheveux pendant l’ordination est un puissant symbole de renoncement. Les cheveux sont souvent associés à la vanité personnelle et à l’attachement à son apparence. En se rasant la tête, les individus qui entrent dans la vie monastique démontrent leur volonté d’abandonner ces préoccupations mondaines et de se concentrer sur leur développement spirituel.

2. Simplicité et humilité

Les crânes rasés sont une marque de la tradition monastique bouddhiste, mettant l’accent sur la simplicité et l’humilité. Cet acte représente un engagement en faveur d’une vie de modestie et de détachement des biens matériels, où l’apparence physique n’est plus une source de fierté ou d’inquiétude.

3. Uniformité

L’uniformité du rasage de la tête souligne encore l’égalité et l’unité entre les moines et les novices. Il efface les distinctions de statut social, de richesse et d’apparence, soulignant que tous ceux qui entrent dans l’ordre monastique sont égaux dans leur quête de l’illumination.

4. Rompre avec le monde laïc

Pour ceux qui subissent l’ordination, le fait de se raser la tête est une rupture symbolique avec leur vie laïque antérieure. Cela signifie la fin de leur identité antérieure et le début de leur vie de moine dédié à la pratique et au service bouddhistes.

Ordination complète (Bhikkhu)

Pour ceux qui choisissent de continuer sur le chemin de la vie monastique, l’ordination complète en tant que « Bhikkhu » est la prochaine étape. La décision de prendre une ordination supérieure est importante et implique de rechercher l’approbation et les conseils d’un moine ou d’un abbé senior.

La cérémonie d’ordination de Bhikkhu est un événement profondément solennel et significatif dans la vie d’un jeune homme. Cela implique la récitation du Patimokkha, le code de discipline monastique. Au cours de cette cérémonie, le candidat est pleinement initié à la communauté monastique, recevant des robes supplémentaires et le bol d’aumône, qui symbolise sa dépendance à l’égard de la communauté laïque pour sa subsistance.

La vie d’un moine bouddhiste thaïlandais

La vie de moine bouddhiste thaïlandais est marquée par une routine quotidienne rigoureuse. Les moines se lèvent avant l’aube et se livrent à la méditation, à la prière et aux rituels. Ils dépendent des tournées d’aumônes pour leur subsistance quotidienne et reçoivent les offrandes de la communauté laïque.

La tournée d’aumône quotidienne, connue sous le nom de « Pindapata » dans le bouddhisme Theravada, est une tradition vénérable et essentielle qui a lieu chaque matin dans de nombreuses communautés bouddhistes, y compris celles de Thaïlande.

La ronde d’aumône a généralement lieu tôt le matin, peu après le lever du soleil. Les moines et les novices marchent pieds nus en file indienne le long d’itinéraires prédéterminés, généralement à proximité de leur temple ou monastère.

La ronde d’aumône quotidienne est une pratique sacrée et chérie qui résume les valeurs fondamentales du bouddhisme Theravada, mettant l’accent sur la simplicité, l’humilité, la générosité et l’interdépendance entre les communautés monastiques et laïques. Il reste un élément essentiel de la vie quotidienne dans de nombreux temples et monastères thaïlandais, offrant à la fois une nourriture spirituelle et un sentiment d’harmonie communautaire.

Les moines jouent un rôle crucial dans leurs communautés, offrant des conseils spirituels, organisant des cérémonies religieuses lors des mariages, des pendaisons de crémaillère et des funérailles, et participant à des événements communautaires. Ils constituent une source de soutien et de sagesse pour le peuple thaïlandais.

Toutefois, ces dernières années, la Thaïlande a connu une baisse du nombre de jeunes hommes choisissant l’ordination. L’évolution des valeurs sociétales et l’attrait de la vie laïque ont entraîné une diminution du nombre de moines dans le pays.

Malgré ces défis, l’ordination continue d’être une tradition vénérée et chérie en Thaïlande. Pour beaucoup, le chemin vers la vie monastique reste un voyage profond et profondément spirituel, un témoignage d’un dévouement au bouddhisme et d’un engagement dans une vie de croissance et de service spirituels.

Polémique dans la communauté monastique

Les controverses entourant les moines se livrant à des activités telles que le jeu, les relations sexuelles avec des prostituées et la consommation de drogues ont fait la une des journaux en Thaïlande au cours de la dernière décennie. Six moines de haut niveau ont été arrêtés en 2018 pour corruption (1), alors que le gouvernement s’est engagé à nettoyer la Sangha. En 2022, un temple est resté vide après que les quatre moines ont été testés positifs à la drogue (2).

Même s’il est généralement admis que la grande majorité des moines thaïlandais sont profondément engagés dans leurs responsabilités spirituelles et éthiques, le nombre d’incidents survenus ces dernières années a suscité des inquiétudes et suscité des discussions sur le maintien de la pureté et de l’intégrité de la communauté monastique.

De telles controverses sont considérées comme des écarts par rapport aux principes et préceptes du bouddhisme et peuvent entraîner des mesures disciplinaires, notamment la défroquage, pour restaurer le caractère sacré de l’ordre monastique.

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