Le musicien guinéen Ba Cissoko parle de la tradition africaine dans le futur

[ad_1]

« Il y a beaucoup de jeunes en Afrique qui pensent que c’est facile quand vous venez ici. Ce n’est pas facile du tout », a déclaré le musicien guinéen Ba Cissoko à Cry Like a Boy.

Depuis plusieurs années maintenant, de nombreux Africains aspirent à émigrer en Europe afin de tenter leur chance pour avoir une vie meilleure. Certains réussissent, mais beaucoup meurent au cours du voyage migratoire.

Accompagné de son kora), instrument et emblème de culture mandingue, artiste guinéen Ba Cissoko et son groupe de musique parcourent le monde en partageant leur culture. Il vit en France et retourne en Guinée quand il le peut. Dans leur musique, ils utilisent un mélange du son de la kora avec des influences rock, reggae et blues. Leurs paroles sont écrites dans les principales langues guinéennes : Malinké, Sousou et Peul.

Dans son dernier single « C’est pas facile », il s’adresse à la jeunesse africaine pour lui faire prendre conscience des conditions réelles et assez difficiles de la vie en Europe en tant qu’immigré.

Être un griot, conteur dans les communautés africaines locales, il s’est senti obligé d’honorer sa tradition, son sang, sa communauté. Son père jouait de la kora, ses arrière-grands-parents aussi, cela se transmettait de père en fils. La tradition exige des griots qu’ils soient des communicateurs, des musiciens professionnels, des conteurs et donc des gardiens de la tradition. Lorsqu’ils se produisent, les griots accompagnent leurs chants de la kora. Mais ils rendent également hommage aux familles de haut rang utilisant cet instrument.

Pour notre podcast Cry Like A Boy, nous parlons à l’artiste guinéen de son parcours, de l’importance de la kora dans sa communauté et des luttes auxquelles sont confrontés les migrants.

Euronews : Quel est votre lien avec cet instrument ?

Ba Cissoko : Ce vieil instrument que j’ai trouvé dans ma famille s’appelle la kora et a des cordes. C’est un instrument qui se joue et se transmet de père en fils. J’ai vu mon père jouer de la kora, mais j’étais passionné de football. Il me disait : « C’est pas mal de jouer au foot, mais en tant que fils de griot, tu dois jouer comme nos parents et nos arrière-grands-parents. »

Alors j’ai pensé que je n’avais pas le choix, et c’est le grand maître M’Bady Kouyaté, mon oncle, qui m’a appris à jouer de la kora. J’avais l’habitude de jouer au théâtre national quand j’étais enfant. J’ai commencé à jouer de la kora là-bas jusqu’à ce que j’aie la chance de former mon propre groupe, puis j’ai voyagé à travers le monde avec ma kora.

Euronews : Alors qu’est-ce que la kora représente pour vous en tant qu’instrument ? Comme tradition ?

Ba Cissoko : Franchement, j’adore la kora car c’est un instrument que j’ai trouvé dans ma famille et dont joue mon père. Et quand je ne me sens pas bien, je vais jouer de la kora, ça me détend, ça me fait voyager et ça me fait du bien.

Cet instrument est particulier, lorsqu’il y a des mariages, des baptêmes dans un village ou dans une ville, le griot prend sa kora et s’y rend. Ils jouent pour l’événement et la cour. C’est un instrument très apprécié dans la tradition mandingue, mais aussi partout dans le monde.

Euronews : Quand avez-vous commencé à développer votre carrière à l’international ? Quand êtes-vous arrivé en France, en Europe ?

Ba Cissoko : J’ai étendu ma carrière professionnelle à l’international en venant pour la première fois à Marseille en 1995, pour un festival appelé No Quartet de l’association Nuits Métisses qui nous y a emmenés à la rencontre de musiciens français. C’est ainsi que je suis arrivé en France.

J’ai voyagé partout dans le monde grâce à ma kora et ma musique. C’est dommage quand même, car avec le COVID c’est calme, sinon je voyage souvent. J’aime voyager.

Euronews : Et comment décririez-vous votre style de musique ?

Ba Cissoko : La base de mon style musical est la musique mandingue. L’empire mandingue s’étendait sur le Sénégal, la Gambie, la Guinée, le Burkina Faso et le Mali. Mais aujourd’hui, quand on dit « Mandingue », on se réfère à la Guinée. Mais sinon c’est de la musique mandingue moderne car c’est un mélange de jazz, de rock and roll avec la kora. C’est un mélange de tradition mandingue et de musique moderne.

Avant de venir en France, je jouais dans des hôtels. Je faisais des animations avec la kora et j’ai formé un petit groupe de quatre personnes. Il y avait trois guitares acoustiques avec la kora. Souvent à l’hôtel, il y avait des invités qui demandaient des chansons bien connues, du blues, du jazz, de la salsa. J’ai donc beaucoup travaillé et c’est comme ça que ça s’est passé. J’ai réussi à intégrer ma kora à la musique moderne.

J’ai créé mon propre style par la suite et j’ai joué avec mes cousins. Nous étions quatre donc il y avait un peu de tout dans notre musique.

Euronews : Y a-t-il un sujet qui vous inspire le plus lorsque vous écrivez vos chansons ?

Ba Cissoko : Tu sais, chaque fois que je suis en Afrique ou en France ou quelque part dans le monde, je vois ce qui se passe, je vois les infos. Par exemple, la chanson que j’ai chantée récemment s’appelle « C’est pas facile » où je raconte ce qui se passe dans l’immigration en disant que « C’est pas facile ». Et avec les voyages que j’ai faits, j’ai vu des immigrés partout dans le monde, et la vie qu’ils mènent n’est pas facile. C’est pourquoi j’ai chanté en mandingue, ma langue maternelle, mélangée au français. En mandingue je dis : « mbora farafi njamanala » je viens d’Afrique, « ndonna toubabou dougou » je suis venu en Europe. J’ai dit « mais eh djo c’est pas facile ». C’est quelque chose que je voulais vraiment chanter parce qu’il y a beaucoup de jeunes en Afrique qui pensent que c’est facile quand tu viens ici, que tout se passe bien. Ce n’est pas facile du tout, c’est un message que j’envoie pour que tout le monde l’entende.

Euronews : Pourquoi n’a-t-il pas été facile pour vous ? Qu’est-ce qui vous manque le plus ?

Ba Cissoko : Ce n’est pas facile de vivre en musique, c’est trop dur. Il faut beaucoup de courage. Mais il faut persévérer et si la chance est de votre côté, vous réussirez.

Euronews : Quel est le plus grand succès, si je puis dire, que vous ayez eu dans votre carrière, quel a été le moment où vous avez pensé, wow ! je suis arrivé?

Ba Cissoko : C’était quand j’ai sorti mon premier album Sabolan. Sabolan m’a fait voyager partout dans le monde, je n’avais vraiment pas le temps. Quand je suis revenu, c’était pour deux jours et puis j’étais dans l’avion. Et je faisais de gros concerts, où j’étais avec 25 000 personnes. Je pensais que ce n’était pas réel parce que je le voyais comme un rêve. Alors je suis content. J’ai aussi participé à de grands festivals.

Je devais organiser mon festival de kora et de cordes sur quatre éditions, et j’avais un centre culturel : Wakili Guinée. Wakili signifie courage. Wakili a formé de nombreux jeunes à jouer de la kora, et à faire de la kora. Il y a beaucoup de jeunes qui sont sortis de Wakili et qui ont eu la chance de voyager. Avec mon frère Mamco, nous voulons relancer ce projet.

Euronews : Et c’est prévu pour 2022, si la situation le permet ?

Ba Cissoko : Oui, si tout se passe bien, nous l’espérons. Si ça marche, tout le monde sera content. En tout cas, c’est le projet que j’ai pour le moment et aussi de faire des enregistrements pour faire un nouvel album. Je crée et prépare des choses.

Euronews : Quel est l’avenir de votre carrière, comment voudriez-vous y arriver ?

Ba Cissoko : J’aimerais aller plus loin que là où je suis maintenant, j’ai fait beaucoup de choses, j’ai voyagé et j’y vais toujours. Je vais monter un duo avec mon frère Mamco et voir ce que ce sera. Je dois aussi aller en Tanzanie, à Zanzibar, pour un festival le 5 juin, inshAllah. Ce sont tous des projets qui se profilent.

Mon frère joue aussi de la kora, et il chante comme moi. Je joue de plusieurs instruments dont le n’goni. Je joue un peu de guitare acoustique et de tama. Je joue de plus de trois à quatre instruments mais la kora est mon instrument. On va faire un mix, il y aura deux kora, une n’goni kora et les cordes. Une kora accompagnée d’un tama et puis on revient à la kora, c’est comme ça qu’on va faire la tournée.

Euronews : Et qu’est-ce que ça fait d’être musicien en Guinée ?

Ba Cissoko : Quand tu es musicien en Guinée, tu te bats et tu te bats pour être reconnu. Les gens respectent la musique en Guinée. Quand vous êtes connu, tout le monde vous respecte. C’est un plaisir. Parfois, nous sommes invités à des concerts. C’est très bien parce qu’en Guinée les gens aiment la musique.

Euronews : Pouvez-vous rentrer en Guinée ?

Ba Cissoko : Oui bien sur j’y retourne de temps en temps, je suis ici en ce moment mais je vais essayer d’aller en Guinée avant mon voyage en Tanzanie.

Euronews : Avez-vous une anecdote ou un moment qui vous a vraiment marqué avec cet instrument ?

Ba Cissoko : Vous savez, j’ai commencé à apprendre la kora avec mon oncle donc je connais toute la tradition de la kora. Avec lui, ce qui m’a marqué puisqu’il m’a expliqué comment prendre la kora traditionnelle, j’ai pris ma kora et je l’ai mise sur mon dos comme c’est la tradition, et nous avons marché de village en village. Dans chaque village, nous sommes allés jouer chez le chef du village et nous avons continué ainsi jusqu’à ce que nous allions en Gambie.

Au Sénégal nous sommes arrivés en Casamance dans une famille de griots, avec de nombreux jeunes jouant de la kora. Là, j’ai eu le courage et je me suis dit : « ah wai, c’est la tradition ». Le grand maître m’a dit : « voici la tradition, tu vas prendre ta kora et faire tout ce qu’on te demandera de faire. »

C’est quelque chose qui m’a marqué donc j’en ai des souvenirs.

Euronews : Quel âge aviez-vous à l’époque ?

Ba Cissoko : A cette époque j’avais 13/14 ans.

Euronews : C’est à ce moment-là que vous avez commencé ?

Ba Cissoko : Oui c’est vrai.

Euronews : Et le football, l’avez-vous laissé de côté ?

Ba Cissoko : Enfin, je ne suis pas devenu professionnel mais j’aime quand même aller jouer un peu, le temps du sport.

Euronews : Avez-vous un message pour les futurs musiciens qui débutent, qui regardent votre trajectoire, et qui vont s’inspirer de votre musique ?

Ba Cissoko : La musique n’est pas facile, il faut avoir le courage, il faut l’aimer. Quand on aime quelque chose on arrive à l’obtenir, on est sérieux dans ce que l’on fait et petit à petit ça ira. Pour être dans la musique, il faut travailler tout le temps, il faut avoir du temps tout le temps. Si vous avez du temps pour la musique, vous réussirez. Je dis à tous les jeunes qui nous suivent, que c’est le travail qui paie.

[ad_2]

Source link

Laisser un commentaire