La Coupe du Golfe en Irak entachée par une ruée meurtrière et des erreurs logistiques


Publié le: Modifié:

Bagdad (AFP) – L’Irak a vu la Coupe du Golfe comme une chance de réhabiliter son image après une interdiction d’organiser des matchs de football pendant des années, mais une bousculade mortelle et des gaffes d’organisation ont refroidi la joie malgré sa victoire à domicile.

La bousculade de jeudi devant un stade de football avant la finale de la coupe dans la ville méridionale de Bassorah a tué une personne et en a blessé des dizaines, ont indiqué des médecins et des sources de sécurité.

« J’avais l’impression que j’allais mourir », a déclaré le fan Doha Hashem, se rappelant avoir été pris dans la bousculade alors que des milliers d’autres, dont beaucoup sans billets, tentaient d’entrer dans le stade après s’être massés aux portes dès l’aube.

En rentrant, elle s’est retrouvée « prise dans une marée de gens », raconte-t-elle à l’AFP. « J’ai commencé à paniquer. Je ne pouvais plus respirer. »

Hashem a réussi à s’échapper indemne, mais d’autres n’ont pas été aussi chanceux.

Les forces de sécurité ont finalement dispersé la foule et le match a eu lieu, l’Irak battant Oman 3-2 pour ramener la coupe à la maison.

La bousculade de jeudi a tué une personne et en a blessé des dizaines, selon des médecins et des sources de sécurité
La bousculade de jeudi a tué une personne et en a blessé des dizaines, selon des médecins et des sources de sécurité © AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Des feux d’artifice et des klaxons de voitures ont retenti toute la nuit, de Bassorah dans le sud du pays à Arbil dans le nord, alors que les Irakiens joyeux célébraient la victoire, la tragédie du matin presque oubliée.

Problèmes de billets

Mais les dommages à la réputation pourraient durer plus longtemps pour l’Irak ravagé par la guerre, qui avait accueilli la Coupe du Golfe pour la dernière fois en 1979 sous l’ancien dictateur Saddam Hussein.

Dans le but d’expliquer la cause de la bousculade, un membre du comité d’organisation de la coupe a pointé du doigt la société émettrice des billets.

L'incident n'était pas la première erreur logistique à frapper la coupe
L’incident n’était pas la première erreur logistique à frapper la coupe © AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Les billets « ne sont pas sécurisés, ils peuvent être falsifiés et reproduits facilement », a-t-il dit, refusant d’être identifié par crainte de représailles.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled al-Mahna, a déclaré que les forces de sécurité sur place avaient clairement ordonné à ceux qui n’avaient pas de véritables billets de partir.

Mais les supporters « n’ont pas coopéré et une foule s’est formée », a-t-il déclaré à l’AFP.

L’incident n’était pas la première erreur logistique à frapper la coupe, qui est contestée par Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Yémen ainsi que l’Irak.

L’Irak a été contraint de s’excuser auprès de son voisin le Koweït après qu’une échauffourée dans la section VIP a empêché le représentant de son chef d’assister à la cérémonie d’ouverture du 6 janvier.

La Coupe du Golfe est disputée par Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Yémen et l'Irak
La Coupe du Golfe est disputée par Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Yémen et l’Irak © AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Le même soir, des milliers de supporters munis de billets et de journalistes accrédités, dont deux photographes de l’AFP, ont été refoulés alors qu’ils tentaient d’entrer dans le stade.

-‘Bon départ’-

Longtemps interdite d’accueillir des événements internationaux de football, la Coupe du Golfe a été l’occasion de montrer que l’Irak pouvait accueillir un tournoi en toute sécurité, alors que le pays cherche à se reconstruire après des décennies de conflit.

À Bassorah, les hôtels et les installations sportives ont été modernisés et des travaux ont été entrepris pour embellir la ville.

Les supporters célèbrent la victoire de l'Irak en Coupe du Golfe dans le centre de Bagdad
Les supporters célèbrent la victoire de l’Irak en Coupe du Golfe dans le centre de Bagdad © Sabah ARAR / AFP

Le président du pays, Abdul Latif Rashid, n’a fait aucune mention des incidents dans un tweet après la victoire de l’Irak, décrivant plutôt la coupe comme « un bon début pour que le pays accueille davantage d’événements sportifs ».

Pour l’instant, aucun autre événement sportif international n’est à l’ordre du jour de l’Irak.

Le patron de la FIFA, Gianni Infantino, a publié un message sur Instagram disant que « les pensées et les prières de toute la communauté du football vont aux familles et aux amis de ceux qui ont été impliqués dans l’incident ».

L’Irak n’est pas étranger à l’organisation de grands événements car ses villes saintes sont des destinations de pèlerinage pour des millions de musulmans chiites chaque année.

En septembre, un pèlerinage dans la ville centrale de Kerbala a attiré 21 millions de fidèles et s’est déroulé sans incident.

Cependant, également à Karbala, 31 personnes sont mortes dans une bousculade en 2019 lors des commémorations chiites de l’Achoura.

Laisser un commentaire