« Je ne partirai jamais » : les mères étrangères combattent les lois saoudiennes sur la garde

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Par AFP

À l’été 2019, l’Américaine Carly Morris s’est envolée pour l’Arabie saoudite avec sa jeune fille, espérant passer quelques semaines de temps de qualité avec le père saoudien de la jeune fille, l’ex-mari de Morris.

Trois ans plus tard, Morris reste dans le royaume conservateur du désert, piégée dans une épreuve prolongée et douloureuse mettant en évidence le pouvoir que son ex-mari – et des hommes comme lui – continuent d’exercer sur les femmes en vertu des lois sur la tutelle.

Peu de temps après leur arrivée à Riyad, l’ex-mari de Morris a saisi leurs documents de voyage et s’est arrangé pour que la fillette, Tala, huit ans, devienne citoyenne saoudienne, s’assurant qu’il pourrait l’empêcher de partir.

Cela a laissé Morris bloquée, ses économies épuisées et ses cartes de crédit épuisées, dans un pays où elle ne parle pas la langue et ne peut pas travailler légalement.

Elle a été forcée d’emprunter de l’argent et de la nourriture à des étrangers pour survivre.

« Je ne partirai pas sans ma fille », a déclaré à l’AFP Morris, 34 ans, provocante mais en larmes, lors d’un entretien téléphonique depuis la maison que son ex-mari loue pour eux dans la ville centrale de Buraidah.

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Les avocats et les experts disent que le système saoudien est empilé contre les femmes dans sa situation, en particulier les étrangères, qui sont souvent confrontées à un choix déchirant entre rester dans le royaume avec leurs enfants ou rentrer chez elles sans eux.

Le prince héritier Mohammed bin Salman, le dirigeant de facto, a été applaudi pour avoir assoupli les lois notoires sur la tutelle en Arabie saoudite qui restreignaient considérablement la capacité des femmes à voyager et à travailler.

Pourtant, les groupes de défense des droits humains notent que les femmes ont toujours besoin de l’autorisation d’un tuteur masculin pour se marier et sont confrontées à la discrimination en matière de divorce et de litiges de garde.

Les changements récents « n’ont pas limité la capacité d’un homme à avoir le dessus sur la famille », a déclaré Hala al-Dosari, militante et ancienne chercheuse invitée à l’Arab Gulf States Institute à Washington.

« L’autorité absolue sur les enfants est donnée au père pour décider où vivre, (aller à l’école) et voyager, et non à la mère. »

La situation de Morris « n’est malheureusement pas un cas isolé », a déclaré Bethany Al-Haidari de la Human Rights Foundation, basée à New York.

« Il y a d’innombrables femmes et enfants piégés dans des conditions tout aussi dégradantes en Arabie saoudite », a-t-elle ajouté.

Morris pourrait bientôt faire face à d’autres problèmes juridiques.

Ce mois-ci, elle a reçu une convocation des procureurs saoudiens indiquant qu’elle faisait l’objet d’une enquête pour « trouble à l’ordre public », un développement que Morris pense être lié aux publications sur les réseaux sociaux concernant son cas.

Elle a été informée il y a quelques jours qu’elle avait été placée sous le coup d’une interdiction de voyager, selon un avis électronique consulté par l’AFP.

La famille de l’ex-mari de Morris n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

L’AFP s’est entretenue avec deux autres mères américaines aux histoires similaires. Tous trois ont décrit leur difficulté à naviguer dans le système juridique saoudien complexe.

L’ambassade américaine à Riyad a déclaré à l’AFP qu’elle suivait « de très près » le cas de Morris et qu’elle était « en contact régulier avec Mme Morris et en contact avec le gouvernement saoudien ».

Dosari a déclaré que les femmes d’autres pays ne reçoivent souvent aucune aide, y compris les employées de maison qui représentent le « groupe le plus vulnérable ».

« Toutes les ambassades ne jouent pas ce rôle de soutien de la même manière, et les citoyens de certains pays asiatiques ou africains ne répondent souvent pas aux demandes d’aide de leurs citoyens étrangers », a-t-elle déclaré.

Fatima, 36 ans, une Égyptienne qui a préféré être identifiée par un pseudonyme pour des raisons de sécurité, s’est décrite comme une « prisonnière » de son mari saoudien depuis 15 ans.

La mère de trois enfants a expliqué qu’elle avait été complètement marginalisée après que son mari eut pris une seconde épouse.

« Je voulais divorcer et retourner dans mon pays pour élever mes enfants, mais mon mari a stipulé que je revienne seule », raconte-t-elle à l’AFP en larmes.

« Je ne quitterai jamais mes enfants. »

Sur 150.000 mariages enregistrés en 2020 en Arabie saoudite, quelque 4.500 étaient des unions entre un Saoudien et un étranger, qui nécessitent une autorisation spéciale, selon l’autorité saoudienne des statistiques.

Cette même année, les autorités ont enregistré 4 200 divorces dans des mariages saoudiens-étrangers.

La Commission des droits de l’homme, un organisme gouvernemental saoudien, n’a pas répondu aux demandes de commentaires de l’AFP sur le cas de Morris et d’autres similaires.

Nasreen al-Ghamdi, une avocate saoudienne, a décrit les restrictions imposées par le royaume sur les endroits où les mères étrangères peuvent emmener leurs enfants comme preuve que « l’État protège les enfants saoudiens pour éviter qu’ils ne soient exposés à des problèmes à l’étranger ».

Certaines femmes étrangères décident finalement d’abandonner et de rentrer chez elles, même si cela nécessite une séparation douloureuse.

L’Américaine Madison Randolph, 23 ans, a déclaré à l’AFP qu’elle « se sentait comme un animal en cage » dans son mariage avec un Saoudien « contrôlant ».

Une fois qu’elle a découvert qu’elle était enceinte de son deuxième enfant, elle a négocié avec lui pour voyager aux États-Unis pendant un mois.

Elle a décidé de ne pas revenir, même si elle a laissé derrière elle leur fils de neuf mois.

« C’était une décision difficile », a-t-elle déclaré à l’AFP par téléphone.

« Je voulais me sauver et sauver le fœtus que je portais. »

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