Ardern doit montrer qu’elle est un leader pour toutes les saisons


Le mauvais résultat du sondage d’opinion de la semaine dernière pour Jacinda Ardern a été un choc pour ses partisans mondiaux. En octobre 2020, Ardern a connu le nirvana électoral en remportant sa réélection avec un résultat record de 50 ans pour son parti travailliste. Beaucoup ont interprété ce résultat comme une juste récompense pour sa gestion réussie de la pandémie : la marque de politique compétente et compatissante d’Ardern a obtenu le soutien de mesures de répression qui ont aidé la Nouvelle-Zélande à traverser Covid-19 relativement indemne.

Ardern elle-même savait que ses impressionnantes compétences en gestion de crise ne pourraient pas porter sa fortune politique beaucoup plus loin. Le soir de la victoire, son principal message était de remercier le pays de lui avoir confié son avenir. L’intention du Premier ministre était claire : l’impératif politique était désormais de tracer la voie de la reprise économique et d’opérer rapidement la transition.

Mais Ardern n’a jamais vraiment commencé cette mission. Depuis sa victoire, la Nouvelle-Zélande est restée bloquée en mode crise. Il serait injuste d’attribuer cela uniquement au premier ministre. Les vagues Delta et Omicron de Covid-19 ont ramené les horizons politiques de nombreux gouvernements vers le virus. Néanmoins, l’accent mis par la Nouvelle-Zélande sur la suppression de Covid à travers des frontières fermées a donné l’impression qu’Ardern est incapable de faire avancer le pays. Sans un changement dans le récit, le soutien politique continuera de diminuer, et elle pourrait même risquer d’être défaite aux élections de l’année prochaine.

Ardern a maintenant, correctement, révélé un plan tant attendu pour rouvrir les frontières de la Nouvelle-Zélande et abandonner son système de quarantaine hôtelière. Le pays autorisera les citoyens australiens vaccinés à revenir en février, avant d’introduire progressivement les arrivées de ses citoyens dans d’autres pays. Une réouverture complète aux non-citoyens aura lieu en octobre.

Le moment est venu pour Ardern. La Nouvelle-Zélande a abandonné une réouverture prévue de la frontière en janvier et la patience du public s’épuisait. L’histoire de la journaliste néo-zélandaise enceinte, bloquée en Afghanistan après s’être vu refuser une place dans le programme limité de quarantaine hôtelière du pays, était embarrassante pour Ardern : permettre aux talibans d’apparaître comme les sauveurs n’était pas une bonne idée. L’épisode a rappelé que la détermination de la Nouvelle-Zélande à sauver des vies s’est faite au détriment des citoyens d’outre-mer.

La réouverture, cependant, créera ses propres défis. La Nouvelle-Zélande souffre d’une grave pénurie de spécialistes des soins intensifs et de lits de soins intensifs. Si les frontières assouplies entraînent une importante épidémie de virus, les hôpitaux pourraient être débordés.

Même si une réouverture en douceur des frontières peut être réalisée, cela ne suffira peut-être pas à restaurer la fortune d’Ardern. La plupart des gros titres associés au sondage de la semaine dernière se sont concentrés sur sa popularité déclinante. Bien qu’elles donnent à réfléchir, elles n’étaient pas aussi révélatrices que les réponses aux sondages sur l’économie. En décembre 2020, 50 % des Néo-Zélandais avaient des perspectives économiques positives pour les 12 prochains mois. Dans le dernier sondage, ce chiffre était tombé à 22 %.

Le taux d’inflation en hausse de la Nouvelle-Zélande a été blâmé pour le pessimisme. Mais des problèmes économiques plus profonds ont également provoqué un malaise. La productivité reste un problème aigu qui, jusqu’à présent, a été compensé par des prix à l’exportation élevés. Les logements abordables restent rares et la dette en pourcentage du revenu est élevée par rapport aux normes de l’OCDE, ce qui rend la perspective d’une hausse des taux d’intérêt très préoccupante pour les titulaires de prêts hypothécaires. Ardern et son gouvernement ont un programme pour résoudre certains de ces problèmes. Mais ils ont du mal à convaincre les électeurs qu’il est suffisamment ambitieux pour faire une grande différence. Si le Premier ministre veut assurer son avenir politique, cela doit changer.

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