Abusé par la numérisation, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique

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Jil la numérisation fulgurante des services publics français atteint désormais des tâches aussi vitales que la demande d’acte d’état civil, le paiement des impôts ou la demande de titre de séjour. Mais utiliser uniquement Internet dans ces domaines et dans de nombreux autres domaines de la vie quotidienne (réservations de voyages, réservations, tenue de comptes) nécessite un effort particulier de la part de ceux qui sont le moins capables de le faire — parce qu’ils n’ont pas d’ordinateur ou de smartphone, n’est-ce pas ? alphabétisé ou ne peut pas se faire aider par un ami ou un parent. Pour ces personnes, la vie dans la « startup nation » qu’Emmanuel Macron veut que la France devienne équivaut à une condamnation à l’exil intérieur.

La préface du rapport de la Défenseuse des droits indépendante Claire Hédon, sur la nécessité croissante d’utiliser l’informatique pour accéder aux services de l’État, dit tout : « Les personnes qui visitent nos bureaux locaux sont épuisées, et certaines sont désespérées. Ils nous disent à quel point ils sont soulagés de pouvoir enfin parler à quelqu’un en face à face ‘ (1). Des scènes angoissantes qui rappellent le film de Ken Loach Moi, Daniel Blake, dans lequel un chômeur britannique se bat contre une bureaucratie d’autant plus humaine qu’elle est numérique, se joue quotidiennement en France. Les politiciens semblent inconscients du fait que 13 millions de personnes (une personne sur cinq) ont des difficultés avec l’informatique (2).

Les personnes les plus touchées viennent de secteurs que la société traite déjà mal : les personnes âgées, les ruraux, la classe ouvrière, les non-diplômés, les détenus, les étrangers. En revanche, les professionnels, les personnes à revenu élevé et les diplômés sont bien équipés en PC, tablettes et smartphones, et sont plutôt satisfaits d’accéder aux services gouvernementaux en ligne. En d’autres termes, plus votre précarité sociale est grande, plus il vous est difficile de faire valoir vos droits, de percevoir des prestations sociales ou d’accéder aux services publics. La pandémie, en faisant du télétravail, de l’apprentissage à distance et de la prise de rendez-vous médicaux en ligne la norme, a aggravé la situation des personnes défavorisées sur le plan technologique. Et parfois, un parti politique complique encore par inadvertance la participation politique des groupes précaires : quand Europe Écologie-Les Verts (EELV) a organisé une consultation « ouverte à tous » pour choisir son candidat à l’élection présidentielle française de cette année, les participants avaient besoin  » une adresse e-mail personnelle pour recevoir le lien vers le site de vote, un numéro de téléphone portable pour recevoir le code de validation pour confirmer [their] voter, et une carte de débit pour payer [their] Cotisation de 2 € ».

Hédon prévient que « la situation se dégrade » et rappelle que nul ne peut légalement être privé de ses droits ou de l’accès aux services publics au motif qu’il n’utilise pas l’informatique. Pour beaucoup de gens, souligne-t-elle, la « numérisation forcée » ne simplifie pas la vie : c’est « une sorte d’abus institutionnel ».

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